184 marches

Mme Rogivu monte les escaliers. 184 marches : elle les monte lentement, une après une, lentement : chaque jour. On lui a bien répété et répété qu’il fallait se trouver un appartement au rez, que le cinquième étage n’était pas fait pour une dame de son âge, qu’éventuellement, une maison de retraite… La concierge, une jeune blonde aux cheveux gras, secouait la tête, accrochée à son balai, sermonnant qui voulait l’entendre : « …à 85 ans, vous pensez, c’est une folie ! » Mais Mme Rogivu poursuivait, une main sur la rampe, l’autre tenant ses courses, elle montait, depuis cinquante ans elle montait. Elle avait son secret : c’est parce qu’elle montait qu’elle était toujours en vie.
Et c’est aussi en montant qu’un jour elle trouva la mort.
Avec le sourire.

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