L’archiveur des pensées

Avant que la nuit ne tombe
il a compté les pensées des hommes
répertoriant leurs inepties
il les a mises dans l’urne
des Brouillards terribles
comptant leurs beautés
il les a disposées en silence
dans la bibliothèque des Joies

Au détour de la nuit
il a succombé plusieurs fois
et mort il a ressuscité
et ne sachant comment dire
ni comment parler
l’archiveur a écrit
les morts et les beautés
à la lueur électrique de ses larmes
sous les ondes wifi de sa sueur
il a tendu les mensonges
il a étiré les gloires
puants
étincelantes
entre les pinces des hommes

Il sait qu’il doit dire beaucoup de choses
mais l’Archiveur ne sait pas
comment les dire
comment tout dire

Et dans la nuit
il voit tout
il comprend tout
il sait tout
dans la cohue des autres
Il s’en rappelle, l’Archiveur
les temps secs des commencements
les déluges boueux des fins
il efface les nuages et voit les étoiles

comment tout dire
comment tout donner
il essaie, il sculpte et efface
Et en silence le magicien construit le monde,
Quand dorment les rêves.