Dans les vignes du Dézaley

Le temps n’était pas là Et quelques gouttes donnaient du goût A l’épaisseur chaude de l’air Transparent et puissant comme une loupe Sur les vignes et leurs terrasses et le lac Tout chose tenait sur du vide Et dans le vide entre toute chose Nous nous tenions, grimpant Sans le poids du corps ni de la pente Les têtes et les racines des vignes Entre les quelques gouttes naissantes Nous observaient montant parmi elles Dans la douceur du soir et de la pierre Le ciel mourant, plat et gris Nous offrait dans le creux de l’été Une douce puissance, une force insoupçonnée Qui nous déposait ailleurs et partout et ici Le soir nous portait, tiède comme une vie L’air tendre comme la chair souriait En nous sentant le traverser doucement Tandis que les villages en contrebas brillaient Nous montions vers quelque chose d’inédit Accompagnés par l’air, les vignes et le soir Et tout descendait et mourait autour Tandis que nous brillions de la teinte de la peau Cette élévation ne finirait jamais Dans cet instant qui tenait tout Au creux des vignes et de l’air d’été Le long d’un chemin montant vers nous La pluie chaude sur les vignes Les quelques gouttes paisibles Et la pente et le temps suspendu Et nos mains nouées sous le ciel figé Sans destin et pourtant infinis Esprits nus montant vers le ciel vide.

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