La petite Elle

Elle tourne en rond pour me dire qu’elle m’aime Je lui donnerais des coups de pied elle ne comprendrait rien De ses yeux humides de souffrance elle me dirait encore qu’elle m’aime J’essaie de la fuir Elle s’approche, furtive, en silence elle me fait sursauter J’aurais voulu qu’elle m’oublie Alors qu’elle m’aime encore plus fort J’aimerais qu’elle s’en aille, elle se colle contre moi J’essaie de l’oublier Puis quand elle insiste encore, je finis soudain par céder Je la prends contre moi, et alors Et alors Mon coeur est rempli de son amour brut et pur Adouci par sa joie, sa chaleur Balayé de moi-même, parti dehors et en-dedans La puissance de sa bonté, la gloire de son innocence Par l’immensité de son bonheur, son amour sans masque Je cède encore et la caresse un peu C’est son corps entier qui frissonne et se colle au mien Et alors, alors je sens l’odeur de la Terre entière, elle m’emplit Je sens cette petite chose contre moi contenant tellement d’amour C’est un ciel zébré d’éclairs et des vents tempétueux On se promène ensemble sur toutes les plaines sauvages Elle m’attire dans les bois sombres sous les orages Et près d’un étang dans les étoiles Me lèche tendrement. Son petit corps je le serre si fort contre moi Mon grand corps d’homme froid Secoué des spasmes du bonheur total Qu’elle vient de m’offrir, soupirant au creux de mon cou. Quand je me relève elle bat de la queue et en redemande.

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