Il n’y a pas vraiment de monde extérieur, quand on se concentre pour ne plus y penser. Je trouve que ce qui arrive au groupe, lorsque nous ne sommes plus dans le groupe, est comme ce qui arrive dans le monde extérieur, c’est beau ou terrifiant, mais surtout, c’est nébuleux. De même que les liens qui existent entre nous tous existeront pour toujours, de même les liens existent entre tous ceux qui existent et qui ne se sont jamais rencontrés. Nous sommes liés par un privilège, nous petit groupe, mais ils sont tous liés, dans ce monde extérieur, par un lien incréé, ou si fin qu’ils peuvent vite l’oublier.
Nous n’avons pas de la chance, ce n’est pas une question de chance, grâce au groupe nous savons que ce lien existe, peu importe l’espace et le temps qui l’entourent de leurs simulacres habituels.
Nous existons, nous groupe, dans la naissance et dans la mort, donc ce lien existe, partout.
Non ce n’est pas une chance, mais bien un privilège, que de le savoir et de le ressentir, comme nous le ressentons tous dans le groupe, j’en suis sûr, à divers moments, en d’autres lieux.
Nous retrouver? A quoi bon? On est toujours tous dans la présence des autres. Il s’agirait peut-être de festoyer à la gloire de ce lien? Certainement pas pour en avoir à nouveau la preuve. C’est tellement flagrant, tellement puissant, que je vis comme une petite fête personnelle régulière en pensant aux autres du groupe et en les aimant même s’ils ne sont pas… là.
Je sais aussi que de se retrouver ainsi serait comme de ramener avec nous, et entre nous, ce que nous faisons pousser dans nos allées intimes, les belles fleurs, les arbres. Et les ronces. Personnellement, je ressens cela comme des obstacles, nos réflexes, nos mimiques, nos petites choses que nous portons et qui nous encombrent forcément, au lien essentiel qui nous unit.
C’est vrai, je parle d’un amour qui est si beau parce que Tristan est loin d’Iseult.
L’essence du groupe concentrée dans celle du duo. Le couple infini. Celui de l’amour dont on ne connait pas la définition. Du lien parfait et total, et éternel, auquel je ne crois pas entre un homme et une femme, mais auquel je crois dans l’espace et le temps éternels du petit groupe, qui est là en cercle, qui s’entend et qui se voit, qui respire ensemble, pour des raisons qui le dépassent. Ce petit groupe réuni par on ne sait quelle tendance absolue de l’inconnu, ce petit groupe qui se retrouve parce qu’il a toujours fallu être là, parce que ce groupe dépasse l’entendement, la gestuelle des sexes et la gestuelles des couches sociales et la gestuelle des idées, parce que ce petit groupe est là maintenant, comme il l’a été avant et comme il le sera toujours, mais ça on s’en fout: on est assis en cercle et on se voit, on exhale le temps et l’espace comme une seule personne.
Il s’agit pour moi de chérir ce qui existe par-delà le temps, ce qui devient continuellement, en la “présence” des autres, car quoi que je fasse, où que j’aille, quoi qu’il advienne, je sais que c’est par ce lien que nous avons vécu, que nous vivons, et que nous étalerons pour ainsi dire à l’infini, que j’existe comme je suis maintenant que j’écris.
De se retrouver comme groupe serait peut-être de l’ordre du rituel. Pour ne pas se perdre dans l’inanimé et nous ressourcer dans ce lien primordial qui nous unit. Encore une fois, je n’en ressens pas le besoin. Tout ce que je vis au quotidien est une création du groupe, de ce que nous avons vécu. Je ne pourrais pas nommer un seul élément de ma vie actuelle qui n’appartient pas au groupe. Qui n’appartient pas au monde extérieur.
En ce qui me concerne, il s’agit de l’ouverture au groupe comme de l’ouverture au monde extérieur, par lequel je commence ce texte. Le monde extérieur. C’est sans doute la clé de mon sentiment à l’idée de se retrouver, ou pas. Mon rapport au monde extérieur est mon rapport au groupe, et cette relation à tout ce qui bouge autour de moi est si présente dans mon quotidien que c’est comme si je rencontrais chaque jour le groupe pour une nouvelle fusion!
Vous êtes tous en moi, et j’espère que je suis un peu en vous, chaque fois que l’espace et le temps le permettent.
Avec tout mon amour, David.
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