A.: Comme la feuille de cet arbre qui tombe dans cette forêt loin de moi, de l’autre côté de l’océan, et tombe seule parce que sa chute par moi passe inaperçue. Sa chute par personne n’est remarquée. Cette feuille tombe comme si elle n’avait jamais existé, parce que pour personne elle n’existait et qu’un jour elle est tombée. Mais malgré tout: cette feuille a existé et un jour elle est tombée. Loin de moi et de mes yeux. Dans le temps que je vis. Dans le tissu infini. Ce que je ne vois pas et ne vis pas ne cesse pour autant d’exister. Le temps est là, et si la feuille de l’arbre est tombée pendant que je suis vivante, j’ai vécu cette chute: l’histoire se passe tout le temps.
D.: C’est beau. Mais j’ai entendu d’autres histoires. Parfois, la feuille s’envole. Et parfois aussi, mais c’est rare, puisque personne n’est là, elle s’immobilise. Dans l’air glacé, elle ne tombe pas ni ne s’envole. Elle reste dans l’infini surnaturel. Mais c’est vrai, c’est rare.
A.: Beaucoup d’histoires démontrent que ce tissu détient toutes les possibilités: vol ou chute. Mais il est tout de même possible qu’une feuille représente tout pour moi, et si elle tombe, malgré la distance infinie qui nous sépare, elle me manquera.
D.: La feuille ne tombera pas. Elle restera suspendue ainsi. Elle attendra qu’un vent de liberté et de fêtes souffle à nouveau.
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