Elles sont venues les deux chez moi dès notre première rencontre. Je les ai croisées dans un bistrot épargné par les gens du quartier, les touristes, et en général par tout client potentiel, tellement son ambiance sombre et à l’écart faisait plutôt penser à une vitrine abandonnée, à un lieu découvert juste par moi, et mes verres de vin enfilés dans la quiétude solitaire. Quand Nathalie partait à la montagne ou retournait quelques jours dans son appartement, j’aimais y vivre ma solitude en buvant avant de rentrer.
Je les ai trouvées là, deux jeunes femmes sexy, l’une un genre de femme d’affaire, l’autre plus sombre, limite gothique, en train de se disputer, essayant de chuchoter mais leurs chuchotis s’élevaient parfois vers de comiques cris muets claquant du plat de la main sur la table, alors que les seuls témoins de cet après-midi étaient le barman et moi. La femme d’affaire me jetait des regards perçants avant de se remettre toute à sa dispute. Elles buvaient beaucoup, un genre de rhum avec du sucre, des glaçons et citrons, la bouteille entre elles.
Plus tard quand je suis rentré un peu ivre elles m’ont suivi. Elles riaient quelques mètre derrière moi et quand j’ai passé le portillon sur la rue en me dépêchant d’aller vers la porte de mon immeuble j’ai remarqué l’une d’elle qui de sa bottine a retenu la fermeture.
Je me suis dépêché à l’intérieur et au lieu d’attendre l’ascenseur j’ai monté l’escalier à tout vitesse. Je les ai entendues en bas dans l’entrée. Elles avaient encore réussi à se faufiler et riaient franchement. Je me suis retranché chez moi et nerveux j’ai observé le corridor par la lorgnette.
Leurs éclats de rire et roucoulements se rapprochaient. Mon palier s’est illuminé et elles ont ondulé jusqu’à ma porte bras dessus bras dessous, souriantes. Elles ont sonné en criant mon prénom. Je ne pouvais pas les laisser faire au risque de réveiller tout l’immeuble.
En fait, j’avais oublié sur la table du bistrot un petit paquet de cartes de visite que je venais de récupérer, et qu’elles me ramenaient.
Elles m’ont proposé de partager de la coke. Nous avons bu, ri, sniffé toute la nuit. Un moment l’une d’elles s’est déshabillée pour me montrer ses sous-vêtements. Ses amples fesses cachaient son string.
« Je les ai refaites à Istanbul, comment tu trouves? »
J’ai approuvé d’un regard expert.
Quelques caresses amusées mais nous n’avons pas fait l’amour. Peu avant midi le lendemain elles ont disparu pour aller à une autre fête, me laissant comme unique souvenir dans une boîte d’allumettes une petite quantité de poudre pourpre.
Bien plus tard sur la terrasse ensoleillée d’un hôtel je les ai revues et cette fois nous sommes allés ensemble jusqu’au bout de tout… Douces harpies jaillies de la nuit qui en fêtant et tournoyant m’ont mis dans les bras de la Violette.
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