C’est le temps qui se déchire comme les draps entre nous
Tant d’années que la faille laisse tomber dans la nuit
Tu respires et la douceur de ton souffle qui s’égrène chaque minute
Ce sont les mois qui nous séparent du dernier lit où nos corps
Ensemble dormirent entrelacés encore il y a tant d’années
C’est le temps qui se déchire et laisse béante cette nuit
Ensuite le silence de l’hôtel, et les vagues qui soufflent au loin
Où tu dors, loin à l’autre bout de l’immense lit, draps des ans, coussins d’oubli
Je t’entends trop bien, tu as bougé à l’autre bout du lit
Ta peau a frôlé les draps, ton corps s’est doucement retourné
La chambre vaste comme un palace y dors-tu vraiment,
Est-ce lentement que seul et déchiré les souvenirs me rendent fou ?
J’entends et je vois ton corps presque nu sous les draps, qui
Embrasse tout l’espace vivant au cœur de la nuit et
Cette chambre, ton corps contre qui je me love déjà en feu
Non, les draps inertes, toutes ces années que je dois oublier, encore, nous séparent
J’ai rêvé qu’il ne me restait que les rêves, je glissais vers toi dans le lit
La nuit tiède, la fenêtre entrouverte sur la mer, les draps tendres, ton souffle
Plus court, ta respiration qui s’arrête et le temps qui ne lutte plus contre nous
Et lorsque les surfaces de toutes nos vies s’effleurent, alors tout
Tout, meurt et renaît et tournoie, la brise sur l’océan ton souffle
Mon corps tendu contre toi et cette douleur épuisante affolante, le désir
Tu t’agrippes brutalement à moi j’attrape tes jambes les draps glissent
La lune rougeoie les voiles dansent et nous rions, nous rions de l’impossible et du temps
J’ai cessé de respirer trop longtemps, à l’autre bout du lit froid
Tu t’es retournée encore une fois, ton souffle paisible comme les vagues
Et derrière lui un autre vent, une seconde brise, celle de l’enfant
Il gémit doucement au creux de ses propres rêves qui ne font que commencer
Là où les miens lentement se terminent, déchirés comme les draps ou
Les pages d’un livre qu’on abandonne, et glacé j’éternue, j’éternue
J’éternue, déjà vieux déjà sec qui ne sait plus pleurer, je me lève
Je me cache contre la pierre tombale des toilettes sur le sol où j’éternue,
J’éternue
Jusqu’à la fin de la nuit j’éternue
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