Le digital aplatit tout.
Il avale la photo, donne envie au film d’être resplendissant.
La peinture il la met sur des sites où l’onctuosité des dégradés est éliminée.
Les jeux il leur demande d’être aussi réaliste que possible, alors que depuis des siècles les philosophes questionnent la réalité, et depuis des décennies les peintres rient du besoin de représenter la lumière comme elle est.
Le digital est puissant car il a envie de tout contenir. Il est enfantin car il comprend à peine comment il doit exprimer les subtilités de l’âme. En lui-même, le digital n’amène rien de nouveau, mais il est comme Gutenberg: comme l’impression a permis de diffuser les mots à grande échelle, il permet d’échanger l’art de la lumière à une échelle inusitée.
Le digital inclut tous les arts. Il avale toutes les expressions uniques et les restitue mille fois. C’est une autre machine au service de l’échange entre les êtres.
Même la sculpture et l’architecture sont réduites à leurs expressions photographiées, alors que dans leurs essences elles dépassent l’aplanissement du digital.
Même la musique est réduite à un écouteur alors que son amplitude est celle des instruments qui la composent. Et la danse peut être montrée dans un jeu subtil de caméras bien positionnées. Et le théâtre est vécu en-dehors de la salle si le digital peut capter la force de la voix et du geste.
Le digital peut tout contenir. Il aplatit tout, réduisant la dimension humaine à l’échange humain, réduisant l’espace entre les êtres à l’échange entre les êtres.
Le digital pose la question: est-ce que j’arrive à représenter la dimension humaine uniquement au travers de leur besoin d’être ensemble? Si je peux représenter tout l’Art dans sa dimension d’échange, suis-je l’Art qui réunit tous les arts, et qui les réunit tous?
Si l’art de la lumière réunit tous les arts, si l’architecture est une expression des formes et de la lumière, si un acteur et son visage et sa voix sont l’expression d’une lumière, si un danseur et ses mouvements sont l’expression d’une lumière, si le geste d’un pinceau est un geste de lumière, si des sculptures et des installations sont l’expression d’une lumière et si la musique et les mots expriment des variations de la lumière, l’art de la lumière est digital.
Dès lors, le digital peut avaler tout l’art de la lumière.
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