Ce n’est pas vrai je ne me suis pas promené
Dans les montagnes où j’ai grimpé, je n’ai rien vu
Ce n’est pas vrai je n’ai rien senti, en montant
Mon coeur battait à un rythme qui doit être le sien
Quand j’existe et monte entre les montagnes
Ce n’est pas vrai je ne comprends pas
Je ne sais pas faire la différence
Entre mon avancement et le sang
Qui pulse en moi comme il se doit
Et le mélèze, et la roche qui me toisent
Les cimes m’ont regardées docilement
Un chat docile qui t’observe et sait que tu n’es rien
Qu’un mouvement anodin dans sa vie
Un chat meurt vite, une montagne ne meurt jamais
Ils me regardent de la même manière
Qu’existe-t-il de vivant quand j’avance?
Une foison immense de déplacements
Une immobilité immense que je dépasse
Mais je ne sais pas, entre deux, ce qui existe
Mon coeur bat et j’avance avec lui, aveugle
J’ai pris cette pierre dans ma main
Qu’existe-t-il en elle de ce que je ressens?
Rien, aussi morne que le regard d’un mort
J’ai posé ma main sur ce tronc vivant
Rien, il est mort sauf si j’imagine sa vie
J’entrevois tout, dans mes mots mêmes
J’envisage les plus belles affabulations
J’invente des histoires pour m’exprimer
A ceux qui m’entendent, dociles
J’interpose du vivant dans du mort
Je t’invente ces mots que tu lis
Je t’offre mon petit bout de vie
Fais-en ce que tu veux, je te les donne
Ton coeur va battre à ton rythme
Les branches et les roches t’observeront
Mes mots et toi respirent sans
Sans cette infime certitude
Qu’existe-t-il entre eux?
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